Voici l'histoire de courage et de foi, de la part d'un jeune soldat soviétique (ère post soviet), de qui la mémoire est honorée par plusieurs églises chrétiennes orthodoxes en Russie, les 23 mai et 20 août, bien qu'il ne soit pas officiellement canonisé en tant que saint.
Evgeny Alexandrovitch Radionov est né trente minutes après minuit, le 23 mai 1977, dans le village de Satino Russkoye près de Moscou dans ce qui était alors l'Union Soviétique. Selon sa mère, comme un garçon de ce petit village, tout ce qu'il voulait était de devenir cuisinier. Quand il avait onze ans, Evgeny a reçu de sa grand-mère une chaîne avec une petite croix. Il voulait la porter à l'école, mais sa mère et un athée, le mirent en gardent par le fait que de telles choses étaient mal vues par les autorités communistes. Evgeny la porte quand même et refusa de l'enlever. En 1995, à 18 ans, il fut enrôlé dans les forces armées russes. Juste avant, il fut baptisé dans l'Eglise Orthodoxe Russe, sans l'accord de ses parents encore athées. Il servit comme garde frontière et fut envoyé en formation dans la région de Koliningrad (ancienne Prusse Orientale). Puis il fut envoyé à la frontière tchétchène près de Galashki.
Dans la nuit du 14 février 1996, à peine six mois après avoir commencé son service Evgeny et trois camarades furent capturés par une milice musulmane tchétchène, déguises dans une ambulance alors que les soldats russes tenaient un poste de contrôle.
Selon un rapport de la Pravda de 2003 : ils patrouillaient la frontière entre les républiques de Tchètchénie et en Ingouchie. Leur contrôle a été fait à environ 200 mètres du poste de sécurité. Ce poste était juste une petite cabane, sans aucune communication possible. La cabane n'a même pas eue un soutien militaire, en dépit du fait qu'elle était la seule cabane sur la route montagneuse, qui était utilisée pour transporter des armes, des munitions, des captifs, des médicaments et ainsi de suite. Les garde-frontière ont arrêté une ambulance pour la vérifier. Plus de dix tchétchènes armés sont sortis du véhicule. Inutile de mentionner qu'il était très facile pour eux de faire face à de jeunes soldats inexpérimentés. Les soldats ont montré beaucoup de résistance, mais l'issue du combat était évidente avant même qu'il ne commence. Lors de la capture, ils furent amenés dans la cave d'une maison abandonnée, pendant environ 100 jours, avec des demandes de rançons à leurs familles. Les ravisseurs exigeaient une rançon car cela était classique à l'époque. Ils gardèrent Evgeny pendu par les poignets dans le sous-sol. Ils ont affamé leurs otages et les ont battu.
La rançon de Evgeny s'élevait à 50 millions de roubles (1,6 millions de dollars), une somme impossible à payer. Un autre rapport estime la rançon à 10 000 dollars. Quoiqu'il en soit, la rançon n'a jamais pu être payée. Le commandant tchétchène Ruslad Haihoroev (khaikhoroyev selon d'autres sources), a finalement décapité Evgeny avec une scie rouillée pendant plus d'une heure le 23 mais 1996 (pour son 19ème anniversaire), près de Bamut. Son corps, avec quatre autres prisonniers russes, a été placé dans un cratère de bombe à l'extérieur du village de Alexeevskaya, et couvert avec de la chaux et de la saleté. Haihoroev a déclaré plus tard dans une interview, qu'il a tué Evgeny après que le soldat ait refusé sa conversion à l'Islam, et refusa quitter sa croix orthodoxe, tandis que deux de ses compatriotes se convertirent. Les troupes russes occupèrent le village où Evgeny a été assasssiné, le lendemain après son exécution.
La mère de Evgeny, Lubov Radionova, a été informé que son fils avait déserté l'armée. Elle ne le crut pas, et s'est rendue en Tchétchénie. Elle y est restée pendant 10 mois, avant qu'elle ne découvre qui l'avait tué. Elle trouva les Tchétchènes qui avaient tenu son fils prisonnier, puis l'avaient tué. Rusland Haittoroev, le chef du gang Tchétchène, a dit à 17 reprises au cours de ses interrogatoires, qu'elle avait enfanté un mauvais fils qui avait refusé d'adopter l'Islam, et de rejoindre les séparatistes dans leur lutte contre la Russie. "Votre fils a eux le choix de rester en vie. Il aurait pu se convertir à l'Islam, mais n'a pas voulu quitter sa Croix", a déclaré Haihoreev à la mère d'Evgeny.
Elle a finalement accepté de payer 100 000 roubles à Haihoroev (4000 dollars), pour l'emmener à sa tombe dans les forêts en dehors de Alexeevskaya. Elle dut vendre son appartement pour financer la transaction. Avec l'aide de l'armée, ils exhumèrent son corps. Elle trouva son fils avec la croix qu'il portait. La tête fut jetée en un autre endroit. Elle revint à Moscou avec le corps de Evgeny et celui de ses amis assassinés ; ce avec l'aide de l'Eglise Orthodoxe Russe. Lorsque Lubov Radionova est revenue chez elle, le père de Evgeny mourut cinq jours après l'enterrement. Il ne put supporter la mort de son fils. "Nous savons qu'il a dû passer par d'horribles souffrances qui peuvent être comparées à celles des grands martyrs des temps anciens. Ils ont été décapités, démembrés, mais sont restés dévoués à Jésus-Christ de toute façon", a déclara Alexander Shargunov, prêtre, pendant le requiem en mémoire de Evgeny Radionov. Evgeny fut décoré à titre posthume de l'ordre du courage de l'armée.
Lubov Radionovoa est revenue plus tard en Tchétchénie lors d'un deuxième voyage et a récupéré la tête de son fils. Haihoroev et ses gardes du corps ont été tué le 25 août 1999, dans un combat entre son groupe et un groupe thétchène rival. Le sort de Evgeny Radionov, aurait probablement été oublié, si une équipe de tournage tv n'était pas venue au village où les reliques de Evgeny Radionov se trouvent, ce 6 ans plus tard pour tourner un mini reportage sur la croix située dans une église restaurée. Les paroissiens ont expliqué aux journalistes son acte héroïque et le courage de sa mère, qui l'avait enterré dans son pays natal. Ils ont alors fait un documentaire sur son histoire, un an plus tard, et une énorme propagation de la dévotion à Evgeny Radionov a été faite en Russie et au monde entier.
Le New-York Time a rapporté en 2003 :"Dans les brochures, les chansons et les poèmes, dans les sermons et sur les sites webs, l'histoire de Evgeny Radionov est devenue une parabole de la dévotion religieuse et du nationalisme russe. Le jeune soldat, dit-on, a été tué par des rebelles musulmans, il y a sept ans, parce qu'il refusa de renoncer à sa religion et de retirer la petite croix d'argent qu'il gardait autour du cou." Comme son histoire est répandue, les pélerins ont commencé à apparaître dans ce petit village juste à l'Ouest de Moscou, où sa mère, Lubov, montre sa tombe près d'une vieille église. Certains anciens militaires ont jeté leur médaille sur sa tombe dans un geste d'hommage. Des personnes en détresse ont laissé des notes manuscrites pour lui demander son intercession.
Extrait de Mystagogy,
de John Sanidopoulos,
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