Là où Jésus-Christ passe, le chien n'aboie pas


Nativité de saint Jean le Baptiste (Fête 24 juin)



La Fête de la Nativité de saint Jean Baptiste, me rappelle toujours un incident qui m'est arrivé pendant des vacances en Grèce, lorsque j'avais quinze ans, à l'été 1991. J'avais voyagé dans de nombreux endroits dans toute la Grèce cet été là, avec ma mère et mes deux grands-mères, mais pendant un mois, je fus seul avec ma grand-mère Anastasia, passant principalement notre temps dans la ville de Patras. Au cours de mes voyages de cet été ci, dans de nombreux endroits, les grecs laissent leurs chiens en liberté pour protéger leurs biens. Quelquefois, ces chiens sont venus très près de moi pour m'attaquer si j'accédais près d'une propriété par erreur, et il me faisait peur de voyager à travers certaines régions, en particulier dans les villages.

Un jour, je dis à ma grand-mère que je considérais mieux la marche avec un bâton, au cas où je fus attaqué par des chiens. Ma grand-mère, une femme pieuse et sainte, me dit que cela était inutile. Elle m'a appris à la place à dire simplement la prière suivante : "Ιησους Χριστος περναη και σκηλος δεν γαβ-γαη», ou traduit, "Là où Jésus-Christ passe, le chien n'aboie pas". En grec, la prière sonne un peu poétiquement, mais j'ai trouvé cela drôle, et j'ai suivi ses conseils.

Ma grand-mère a vécu dans Agiou Ioanni Bratsika (District de Saint Jean), et non loin de son appartement, une église était dédiée à saint Jean-Baptiste, qui est célébré le 24 juin chaque année. En fait, la seule fois où cette a jamais été ouverte, est le 24 juin pour célébrer sa fête, et reste fermée le reste de l'année. J'avais toujours voulu savoir à quoi ressembler cette église de l'intérieur, mais lorsque le jour de la fête arriva, il y avait tellement de gens que je finis par écouter la célébration depuis le balcon de ma grand-mère. 

Cette église était un endroit spécial pour ma grand-mère. Un jour, nous sommes allés faire une promenade, et comme nous sommes passés devant l'Eglise, elle s'est arrêtée et m'a montré un mémorial, qu'elle avait placé devant l'entrée de l'Eglise. Elle avait placé là un mémorial pour mon grand-père défunt, dont le saint patron était saint Jean Baptiste. Je n'ai jamais connu mon grand-père, car il est décédé environ un an avant que je sois né, donc ce fut un moment spécial pour moi, que j'ai partagé avec ma grand-mère. 

Malheureusement, je n'ai jamais pu trouver de détails sur l'histoire de cette église, mais elle est considérée par les habitants comme un sanctuaire qui contient une icône miraculeuse de saint Jean-Baptiste. Cette icône a été découverte d'une certaine manière miraculeusement, dans une grotte dont l'église actuelle a été construite par-dessus. Après que ma grand-mère et moi allumèrent une lampe à huile en mémoire de mon grand-père, l'église étant refermée, nous nous sommes promenés aux alentours de l'église, pour descendre dans la grotte sous l'église, dans laquelle l'icône miraculeuse a été découverte. Aujourd'hui, la grotte a été transformée en chapelle, et reste toujours ouverte pour les fidèles désirant prier. Le côté de la chapelle est sur un chemin privé, et au bout de cette route, une meute de chiens sauvages aboient comme des fous. Dieu merci, ils sont tenus en laisse. 


Ma grand-mère éclairant avec la lampe à huile le mémorial de mon grand-père

Dans la chapelle, ma grand-mère m'a parlé d'un prêtre local, qui a servi à l'Eglise de Saint-Paul. Elle le connaissait depuis qu'il était jeune garçon, qui avait grandi dans la région, et il était respecté par tous, y compris mon père avec qui il avait grandi. Souvent, la nuit, ce garçon venait à cette chapelle et priait, en gardant parfois vigile toute la nuit. Sans doute, a-t-il été inspiré par l'aîné Gervasios Paraskevopoulos, qui a inspiré un renouveau dans la ville de Patras dans les années 1960. Quand il a vieilli, il devint moine puis fut ordonné prêtre, et devint un prédicateur ardent très aimé et respecté dans la région, et fut connu pour maintenir l'ordre strict dans son église pendant les offices divins. Ce prêtre ne dormait jamais la nuit sans avoir servi la Divine Liturgie, et veillait. On m'a dit que, dans son zèle, il était sceptique que le Pape soit venu à la ville de Patras avec les reliques de l'Apôtre André, après de nombreux siècles, en 1966. Après la procession avec les reliques à travers les rues de Patras, elles ont été enterrées dans une grande cathédrale construite spécifiquement pour abriter ces reliques. Cette nuit-là, ce prêtre (peut-être moine à l'époque), avec d'autres, a tenté de pénétrer dans la cathédrale, pour vérifier si le pape avait donné les véritables reliques de l'Apôtre André. Avant qu'il puisse le faire, il a été appréhendé par la police, et a été censuré par l'évêque local. J'ai eu la chance, un dimanche, d'assister à une Divine Liturgie desservie par ce prêtre, avec ma grand-mère. Traditionnellement, les hommes étaient assis à droite et les femmes à gauche. Pendant l'hymne Axion Estin, il balança un très grand lustre avec des icônes dans le milieu de l'Eglise pour exprimer la joie des saints dans la Theotokos. Et pendant la communion, il fit en sorte que les Grecs ne soient pas indisciplinés, et qu'aucune femme ne porte de rouge à lèvres pour prendre les Saints Dons.

Un soir, je décidai d'aller dans la grotte de l'église pour prier. Comme j'accédais au chemin privé pour me rendre à la grotte, la nuit calme fut soudainement interrompue par des aboiements bruyants, et les chiens n'étaient pas tenus en laisse. Pris de panique, je courus vers la chapelle, mais la porte était fermée par des câbles, et il faisait trop sombre pour les enlever. Comme les chiens se rapprochaient, je n'avais pas d'autre choix que de prier la prière que ma grand-mère m'avait appris en grec. Comme j'étais coincé dans un coin, étant une proie facile pour les chiens, j'ai dit immédiatement la prière, et les chiens se sont arrêtés d'aboyer, se retournèrent et partirent. Je suis resté un peu étonné, et j'ai remercié Dieu lorsque enfin je rentrai dans la chapelle pour prier. 

Un jour nous avons eu l'occasion de visiter le monastère de Saint Gerasimos à Céphalonie. Nous avons décidé de passer la nuit dans les chambres de l'hôtellerie du monastère jusqu'au lendemain matin, jour de la fête de la Transfiguration (6 août). Parce que la Divine Liturgie allait commencer très tôt, je décidai de ne pas dormir cette nuit. Le monastère lui-même était verrouillé. Toutefois, les religieuses du monastère gardaient 3 ou 4 chiens en protection, mais ils semblaient enfermés derrière des portes. A un certain moment, pendant la nuit, je me tenais dans un champ près du monastère, et ces chiens étaient déterminés à venir près de moi, et terrifié, je les ai vu courir vers moi en aboyant. Comme ils se rapprochaient, je dis là aussi la prière de ma grand-mère. Encore une fois, les chiens se sont arrêtés dans leur élan à mes pieds, et cessèrent d'aboyer. Un chien est devenu comme un chiot, et s'est roulé sur le ventre en me demandant de le caresser, tandis que les autres chiens se sont tout simplement enfuis. Je caressais le chien, et il est devenu comme un protecteur pour moi, et ne m'a pas quitté de la nuit. A un moment, les chiens sont revenus à l'assaut, mais ce chien les a chassé. Maintenant, si je ne croyais pas en la puissance de cette prière avant, je le croyais désormais. Et je l'offre à ceux qui pourraient se trouver dans une situation similaire. 

Extrait de Mystagogy,
de John Sanidopoulos,


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