Saint Bessarion d'Agathon : Noël 1941

 



C'était quelques jours avant Noël de l'année 1988. Dans la maison d'hôtes du monastère d'Agathonos, qui a une cheminée suspendue, frère Bessarion lisait une publication chrétienne. Il était asborbé et semblait ému. Soudain, l'abbé actuel, le père Damaskenos, qui était assis près de lui et écrivait des cartes de Noël, s'est rendu compte que l'aîné pleurait et essayé d'essuyer ses larmes.

"Pourquoi pleures-tu mon père ?" .. "Je vais bien mon enfant, ne t'inquiète pas !".. "Mais tu pleures père ! Dis-moi pourquoi tu pleures. Quelque chose ne vas pas ?"... "Non mon enfant ! Tu vois, je me suis souvenu de quelque chose. Que ces années  sombres d'occupation, d'appauvrissement et de faim ne reviennent jamais dans notre pays. Je me souviens de quelque chose qui m'est arrivé pendant la Divine Liturgie de Noêl 1941, dans un village de montagne de Karditsa, où j'étais pasteur à l'époque. Quand je suis sorti à la Belle Porte avec le Saint Calice dans mes mains, et que j'ai dit :  "Avec la crainte de DIeu, la foi et l'amour se rapprochent", tous les villageois ont commencé à venir pour la Communion Divine, avec leurs enfants à leur tête. Une jeune mère m'a amené son enfant squelettique. Elle ouvrait sa petite bouche et attendit la Perle Divine : Elle a attendu de prendre part au Corps et au Sang de notre Seigneur. Elle m'a dit son nom et je l'ai communiée. Mais au lieu de s'éloigner, elle serrait fort, de ses petites mains décharnées, le linge sacré, le mouchoir rouge avec lequel on s'essuie la bouche après la communion divine, et me criait en larmes : 

"Et plus mon Père, plus !" Le petit avait faim ! Mes genoux ont fléchi et un tremblement s'est répandu dans tout mon corps. Mes yeux se sont remplis de larmes et pour que les fidèles ne puissent pas voir, je me suis tourné vers le Saint Autel. Je quittai le Saint Calice, et m'assis sur un tabouret. J'ai pleuré et j'ai dit avec une douleur humaine : "Pourquoi avez-vous, mon Dieu, laissé notre pays tomber dans une telle misère ? Aie pitié de nos enfants Seigneur"..

Extrait de Mystagogy, de John Sanidopoulos

https://www.johnsanidopoulos.com

Commentaires

Articles les plus consultés